MorWAK EN BREF
Le projet MorWAK
Le projet MorWAK vise à offrir aux patients atteints d'IRCT une plus grande indépendance vis-à-vis des centres de dialyse. Cela leur permettrait de bénéficier d'une liberté nutritionnelle, de la possibilité de se déplacer sans contraintes, de maintenir une activité professionnelle, d'améliorer leur état cardiovasculaire et de réduire les comorbidités, en particulier le risque d'infections. En résumé, l'équipe de recherche travaille sur une solution de dialyse portable qui pourrait améliorer considérablement la qualité de vie des patients atteints d'IRCT en répondant à leurs besoins individuels.
Problématique
L’hypervolémie se définit par l’augmentation du volume extracellulaire. C’est une situation clinique fréquente et grave. Elle peut mettre en jeu la vie de l’individu en l’absence de mesures adéquates.
Elle est principalement observée dans les situations d’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) et d’insuffisance cardiaque congestive (ICC) qui partagent globalement les mêmes causes : le diabète et l’hypertension artérielle. Leurs prévalences et incidences sont donc en augmentation constante à travers le monde parallèlement à leurs causes.
Le traitement de l’hypervolémie consiste en l’élimination d’eau et de sel par voie urinaire par l’utilisation de médicaments diurétiques (si le rein est normal) ou par voie extrarénale (en cas d’atteinte rénale).
Dans les situations d’IRCT, le rein est totalement détruit alors que dans les situations d’ICC, le rein est souvent compromis par la réduction de sa perfusion définissant ainsi les situations dites de résistance aux diurétiques. D’où le recours, le plus souvent, à une élimination extrarénale d’eau et sel dans les situations d’IRCT et d’ICC.
Jusqu’à ce jour, le patient en situation d’hypervolémie associée à une IRCT ou une ICC avec résistance aux diurétiques, doit être hospitalisé en unité de soins intensifs pour réaliser une ultrafiltration : élimination par une machine de l’excès d’eau et de sel. Ces machines sont volumineuses et nécessitent un accompagnement par une main d’œuvre qualifiée. Le coût de cette prise en charge est évidemment très élevé. Les résultats à court terme sont assez satisfaisants, mais à long terme, la mortalité de ces deux situations (IRCT & ICC) est comparable à celle des cancers les plus agressifs (colon par exemple).
Contexte du projet
L’hémodialyse est une technique de suppléance rénale destinée principalement aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique terminale. C’est la technique la plus utilisée pour cette indication de par le monde. Néanmoins, il s’agit plus d’une technique de survie que de véritable alternative au fonctionnement physiologique du rein natif. En effet, après plus de soixante ans d’utilisation, peu de changements ont été apportés au principe de base et les principales améliorations ont été apportées surtout sur des accessoires. Par ailleurs, les résultats sur la survie sont restés les mêmes malgré six décennies d’évolution. En effet, depuis sa mise en œuvre, l’hémodialyse est greffée d’une forte mortalité cardiovasculaire qui n’a pas diminué malgré tous les progrès de la médecine préventive. Aucune corrélation entre la dose de dialyse (reflet du caractère diffusif de la technique) et la mortalité globale ou cardiovasculaire n’a été mise en évidence à ce jour dans les grandes études observationnelles en particulier DOPPS (DialysisOutcomes and Practices Patterns Study). L’hémodialyse a aussi été la cause dans l’amplification de nouveaux cadres nosologiques appelés « comorbidités » telles que les désordres minéraux et osseux associés à la maladie rénale chronique et à l’expansion de pathologies anciennement connues telles que l’hépatite virale C.
D’un autre point de vue, l’hémodialyse est considérée comme une technique lourde et très coûteuse qui met à mal le budget de santé dans tous les pays quel que soit leur PIB. L’accessibilité à ce type de traitement est donc très restreinte dans les pays en voie de développement. La haute technicité de l’hémodialyse exige une organisation particulière : elle est très souvent réalisée en centre où une machine est « rentabilisée » par son utilisation pour plusieurs patients dans une même journée. L’hémodialyse est donc pensée de façon managériale et centrée sur le couple machine-médecin et non pas sur la personne qui en a le plus besoin : le patient. En effet, la logique exige que chaque patient soit traité par une machine « personnelle » et de façon « individuelle » mais ceci rendrait la technique hors de prix et donc inaccessible pour la grande majorité des patients. La dialyse en centre a été adoptée dans cette optique et dispense des traitements collectifs loin de répondre aux besoins très particuliers de chaque patient. C’est ainsi que les dialysés cumulent au fil des années d’autres comorbidités qui finissent par les handicaper lourdement en particulier les atteintes cardiaques. Le seul moyen prouvé pour lutter contre la survenue de ce type de comorbidité est la dialyse longue et quotidienne. L’épidémie de l’hépatite virale C est aussi une conséquence directe de la dialyse en centre et il a été prouvé que la transmission de ce fléau est manuportée.
D’autre part, la mise en dialyse d’un individu réduit très fortement son autonomie et ses performances socioprofessionnelles. En effet, la vie de ces patients est rythmée par les séances (3 fois 4 heures par semaine) et leurs déplacements sont très restreints vers des sites où un centre de dialyse existe. Malgré les restrictions alimentaires drastiques, ces patients sont toujours exposés à des complications (surcharge hydro-sodée et hyperkaliémie) et ne peuvent de ce fait bénéficier d’une qualité de vie correcte.
Il est évident de conclure que toutes ces insuffisances liées à l’hémodialyse en centre sont dues à son caractère intermittent et à l’efficacité limitée de son principe de base : la diffusion. Ainsi, la seule alternative plausible est de recentrer le traitement sur le patient, et non sur le couple médecin-machine, en plus de revoir le principe de base utilisé : passer de la diffusion à la convection. En effet, le rein natif fonctionne 24 heures sur 24 et permet les ajustements nécessaires du milieu intérieur de façon quasi-instantanée en se basant sur la convection comme principe de base. Donc, seule une technologie portable se basant sur la convection et utilisée fréquemment permet d’approcher le fonctionnement normal du rein et aurait des résultats meilleurs que ceux des techniques actuelles.